L'effet papillon et conséquence en philosophie selon Jean-Nicolas Lacoste

L’effet papillon

Dans les années 1970, le météorologue Edward Lorenz met en exergue la « sensibilité aux conditions initiales » au cours d’une conférence à l’American Association for the Advancement of Science intitulée « Prédictibilité – le battement d’ailes d’un papillon au Brésil provoque-t-il une tornade au Texas? » :

« Si un seul battement d’ailes d’un papillon peut avoir pour effet le déclenchement d’une tornade, alors, il en va ainsi également de tous les battements précédents et subséquents de ses ailes, comme de ceux de millions d’autres papillons, pour ne pas mentionner les activités d’innombrables créatures plus puissantes, en particulier de notre propre espèce. Si le battement d’ailes d’un papillon peut déclencher une tornade, il peut aussi l’empêcher. »

Le titre de cette conférence est quelque peu trompeur puisqu’on pourrait y voir ni plus ni moins qu’une extension des théories de causalité de la physique classique. Or, il faut davantage s’attarder au texte et on comprendra alors que Lorenz fait référence au fait que des variations infimes entre deux situations initiales peuvent conduire à des situations finales sans rapport entre elles. L’être humain ne peut tout saisir : il demeurera toujours des incertitudes quant aux tenants et aux aboutissants d’une situation donnée du fait que l’homme ne peut pas prendre en compte tous les éléments qui constituent son environnement.



Mais, en dehors d’un domaine de la physique et des films de science-fiction, quels biens faits peuvent nous amener une existence où nous prenons en considération le côté psycho-philosophique de l’effet papillon?

D’un point de vue d’une éthique de vie, l’effet papillon restitue la valeur globale aux actes que nous posons lors de notre existence et ce, autant ceux à connotation positive que négative.

Si « vivre l’éternel retour » nous permet de sortir du moule pessimiste d’une philosophie de vie centrée autour d’un nihilisme en nous présentant chaque acte dans leur lourdeur éternelle, dans une responsabilité de nos agissements et dans une éventualité éthique de les revivre éternellement, l’effet papillon, lui, nous dit, d’une manière plus concrète, que chaque geste est important puisque nous ne connaissons jamais toutes les conséquences qu’un acte engendre sur notre existence et sur celle des gens qui nous entourent, mais aussi d’individus qui nous sont inconnus.




L’effet généré par vos gestes quotidiens, le plus petit qui soit, peut engendrer des conséquences considérables. Tout est précieux. Chacun de vos gestes l’est, le plus infime qui soit. Lorsque le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt : regardez au loin, trop souvent l’immédiat nous obscurcie la vue.

http://jean-nicolaslacoste.com/2007/10/22/tout-est-precieux/

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